SAFARI  HISTORIQUE

Le Tombeau de l’ Ampanjakamena : Hommage à Jean René et Panorama Impérial à Toamasina

Plongez au cœur d’une histoire digne des plus grandes tragédies royales en visitant le Tombeau de Jean René, l’énigmatique Ampanjakamena de Tamatave. Né en 1781 de l’union audacieuse entre une princesse malgache et un marin français de l’époque de la Compagnie des Indes orientales, ce souverain métis a administré avec brio le royaume des Malata avant de se retrouver pris dans le jeu d’échecs politique entre les puissances européennes et l’ascension foudroyante de Radama Ier. Jean René fut un acteur central, passant d’allié stratégique à vassal, avant de rencontrer un destin tragique et mystérieux en 1826. Aujourd’hui, son site ancestral est un point de rencontre sacré pour l’âme Betsimisaraka, situé sur un promontoire stratégique dominant terres et mers, à seulement 8 km de Toamasina et 1 km de l’Ivoloina. L’ascension est courte, mais la récompense est impériale : en atteignant le sommet, vous embrasserez d’un seul coup d’œil le village trépidant, le ruban scintillant du fleuve d’ Ivoloina, et l’éclat turquoise de l’océan Indien pointant vers l’Île aux Prunes (Nosy Alañaña). C’est l’occasion unique de se recueillir devant l’héritage d’un chef tout en profitant d’une perspective souveraine qui transforme cette halte en une expérience multisensorielle inoubliable : un voyage dans l’histoire, un hommage aux ancêtres, et l’un des plus beaux panoramas de la côte Est malgache. Chaussez vos bottes d’explorateur et laissez-vous transporter par l’énergie de ce lieu sacré qui vous donne à la fois l’histoire en héritage et l’horizon en partage.

 Le Départ Audacieux d’un Homme du Roi

En plein XVIIIe siècle, alors que la cour de France brillait de tous ses feux sous le règne de Louis XV, le chirurgien Augustini Couillando de la Touche choisit l’appel du large. Médecin réputé, il embarque à bord d’un navire de la puissante Compagnie des Indes Orientales, mû par un esprit d’aventure et le désir d’explorer des horizons lointains. Quitter les splendeurs de la métropole pour les mers inconnues était un acte d’une audace, un pari que cet homme de science et de prestige était prêt à relever. Il voguait vers l’inconnu, ignorant le tour que le destin allait lui jouer au large de l’Île Rouge.

Une Aventure Interrompue : L’Arrivée à Foulpointe

Le voyage, qui promettait découvertes et gloire, s’est brutalement achevé sur la côte Est de Madagascar. C’est à Foulpointe, un comptoir historique grouillant de vie et d’échanges, que l’aventure d’Augustini Couillando de la Touche a pris fin en 1752. Le destin, facétieux et implacable, l’a arraché à son voyage, l’amenant à trouver sa dernière demeure sur une terre qu’il venait à peine d’effleurer. Il est mort loin de sa patrie, au service non pas du Roi, mais de sa propre quête d’aventure.

Le Tombeau de Foulpointe : Une Légende Inattendue

Le Tombeau Couillando de la Touche à Foulpointe est un témoin silencieux de cette histoire exceptionnelle. Ce lieu de mémoire unique raconte comment un médecin du Roi de France est devenu une figure historique de Madagascar. Son histoire est celle d’un rêve d’exploration, d’un grand homme dont l’ambition fut stoppée, laissant derrière lui une trace indélébile. Visiter ce tombeau, c’est se connecter au fil de l’Histoire, là où l’Europe du XVIIIe siècle et les mystères de la côte malgache se sont croisés de manière inattendue. Venez marcher sur les traces de ce destin extraordinaire et laissez-vous imprégner par la poésie de cette aventure interrompue.

L’Histoire se cache où on l’attend le moins. Vivez l’époque inachevée d’Augustini Couillando de la Touche.

Foulpointe

Là où la Terre Rencontre la Mer — La Pointe Originelle

Bienvenue sur la côte Est de Madagascar, là où l’histoire se lit dans le contour même du littoral. Longtemps avant de devenir le lieu de villégiature que nous connaissons, la ville de Foulpointe était un carrefour vital, un simple mais essentiel lieu d’échanges baptisé sobrement « La Pointe ».

Imaginez l’époque royale : cette langue de terre avançant dans l’Océan Indien offrait un avantage naturel unique, agissant comme un embarcadère primitif. Les pirogues côtières et les navires au long cours savaient qu’ils pouvaient y trouver un point d’ancrage pour décharger et charger les trésors de la Grande Île.C’est ici, sur ce rivage ancestral, que battait le cœur du flux commercial entre les communautés riveraines et le vaste monde maritime. La Pointe était synonyme de commerce, d’opportunités, mais aussi d’aventures et de dangers.

L’Épopée Maritime et l’Ancre du « Hope Full »

Au fil des vagues et des siècles, le petit embarcadère devint un port de plus en plus fréquenté, attirant les marchands… et les pirates. Notre histoire prend une dimension particulière avec l’arrivée de navires de commerce peu scrupuleux, chargés de marchandises européennes à échanger contre les produits locaux malgaches.Parmi ces visiteurs assidus, un bateau célèbre venait régulièrement jeter l’ancre : le Hope full. Cependant, dans l’usage quotidien du port, la logistique primait sur le protocole. Les marins et les riverains, dans leur langage pragmatique, écourtèrent le nom du navire, l’appelant simplement le « Full ». Alors que ce navire emblématique accostait à l’endroit, l’annonce se répandait sur les docks dans une combinaison linguistique simple et directe : « Full est à La Pointe » ou, en fusionnant les termes, « Full Point ». Ce nom, né d’une ancre jetée, d’un murmure de marin et d’un commerce florissant, s’est imposé pour désigner l’endroit tout entier.

L’histoire des grands lieux est souvent une histoire de prononciation et de colonisation. Lorsque l’administration coloniale française a entrepris de cartographier et de franciser les noms des lieux. Le son de « Full Point »  fut naturellement interprété et écrit phonétiquement en français, donnant naissance au nom que nous connaissons aujourd’hui : Foulpointe.

Ainsi, le nom actuel de la ville est un fossile linguistique, témoignant de l’époque où les bateaux, les langues et les cultures se rencontraient sur cette mince bande de terre. Foulpointe est la mémoire vivante d’un passé fait de commerce, de piraterie et d’alliances. Aujourd’hui, les bateaux qui font la navette vers les îles légendaires de l’Est — Sainte-Marie (Nosy Boraha) et la baie de Maroantsetra continuent d’utiliser ce même endroit comme port d’attache. L’endroit où le Hope full a jadis jeté l’ancre sert toujours de point de départ pour les aventures sur l’océan.

Foulpointe est donc bien plus qu’une destination : c’est un point d’origine historique.

Découvrez les Secrets Oubliés d’Ambataria : Le Sentinelle Silencieux de Mahambo, Gardien de l’Histoire Royale et Coloniale

 

Embarquez pour une exploration unique à Madagascar, loin des sentiers battus de la côte Est, jusqu’au Fort d’Ambataria, une petite fortification aujourd’hui tristement oubliée par les récits conventionnels, mais dont l’existence demeure une preuve tangible des luttes de pouvoir d’antan. Ce fort historique est solidement ancré sur une colline couverte de forêts, légèrement écartée du village de Mahambo douane. Bien qu’il se trouve aujourd’hui curieusement encerclé par des propriétés privées, son site reste accessible aux aventuriers, à condition d’être accompagné d’un guide local expérimenté qui connaît intimement ce territoire et ses secrets enfouis. Durant l’époque royale de la Grande Île, le Fort d’Ambataria jouait un rôle stratégique et vital de sentinelle côtière, œuvrant à la protection de la souveraineté malgache. Sa position dominante lui permettait d’exercer un contrôle visuel et militaire essentiel sur le littoral face aux multiples navires qui venaient accoster au port d’Antsarasaotranitompo, assurant ainsi la sécurité des échanges et des populations. L’histoire du lieu ne s’est pas arrêtée avec la monarchie ; pendant l’époque coloniale, ce petit port royal a été réinvesti et est devenu un lieu de haute cérémonie officielle pour les forces françaises, servant de cadre impressionnant pour des remises de grades aux militaires. Cet acte de reconnaissance et d’élévation honorifique est si marquant qu’il aurait donné son nom au village : Mahambo, dérivant de l’expression signifiant « maha-ambo » ou « rendre grand/digne », reflétant cette graduation honorifique des soldats. Votre circuit avec Discovery Tours n’est pas qu’une simple visite ; c’est une plongée dans la mémoire d’un lieu où les canons royaux veillaient, où les navires marchands accostaient, et où l’histoire coloniale s’est inscrite jusque dans la toponymie locale. C’est l’occasion de vous connecter à l’âme historique de la côte Est.

Nosy Ilantsambo : L’Île au Coq et le Sanctuaire des Rois de Fenerive Est 🏝️

 

L’île de Nosy Ilantsambo, baignée par les eaux cristallines au large de Fenerive Est, est un lieu où les vagues murmurent encore les légendes de l’océan Indien. Jadis, cette terre insulaire servait de refuge et de base arrière aux pirates de passage, qui la considéraient comme une extension de leurs navires – une « partie de leur bateau » – leur permettant de reprendre pied à terre tout en restant en contact constant avec la mer. Cependant, la véritable richesse historique de l’île réside dans son rôle sacré sous la monarchie. L’île est également connue sous le nom évocateur de Nosin’Akoho, l' »Île au Coq », un nom directement lié au rituel d’intronisation de rois tels que Rabehefigny par l’officiant respecté Ramandobe. Selon la tradition, aucune intronisation royale ne pouvait se dérouler sans la présence d’un coq de couleur rouge, l’akoho peramena, symbole essentiel de la couleur royale et détenteur d’une puissante vertu spirituelle. Une fois la cérémonie achevée, le coq rouge n’était pas mis à mort ; au contraire, il était vénéré, car il devait emporter symboliquement tous les mauvais sorts et les énergies négatives destinés au nouveau souverain. Pour ce faire, ce coq porteur des infortunes royales était transporté et relâché sur cette île même, scellant ainsi l’origine sacrée du nom Nosin’Akoho. L’île et ses environs, incluant le Fijoroagna (lieu sacré dédié aux demandes de bénédiction), sont la preuve que la terre et le pouvoir étaient indissociables. Ce voyage vous mènera à Fenerive Est, sur les traces de ces rois, des rituels du coq rouge et des pirates, vous offrant une compréhension profonde de la spiritualité et de l’histoire côtière malgaches.

Napoléon de Lastelle : Le Magnat Oublié qui a Tenu Tête à la Reine Ranavalona I

L’histoire de Madagascar avant la colonisation est indissociable du destin audacieux de quelques figures étrangères, et peu d’entre elles ont laissé une empreinte aussi profonde que Napoléon de Lastelle. Grâce à l’appel de l’océan Indien qui était trop fort. Il s’installe définitivement sur la côte Est malgache en 1829, agissant comme agent pour la société de négoce de Rontaunay et Compagnie à Mahela (Antanambao Mananpotsy).

De Lastelle ne fut pas un simple marchand ; il fut l’acteur étranger le plus important du commerce et de la politique intérieure de Madagascar. À une époque où la Reine Ranavalona I régnait avec une autorité farouche et se méfiait profondément des Européens, Napoléon de Lastelle fut le seul Européen à pouvoir lui tenir tête. Faisant preuve d’un sens aigu des affaires et d’une diplomatie remarquable, il réussit l’exploit de s’associer directement à la Reine dans ses activités, consolidant ainsi son statut d’homme incontournable.

Son empire commercial s’étendit sur 300 kilomètres de la côte Est. La Reine Ranavalona I elle-même lui fournissait la main-d’œuvre (des esclaves) nécessaire au développement de ses vastes entreprises. De Lastelle fut un pionnier industriel, construisant les premières sucreries, rhumeries et charpenteries de la région. Il lança d’importantes plantations de cocotiers, de café et de canne à sucre, important diverses variétés d’arbres et de plantes de La Réunion et de France pour enrichir l’agriculture locale.

L’influence de De Lastelle prit une dimension nationale grâce à une rencontre fortuite en 1831 avec un autre Français visionnaire : Jean Laborde. Impressionné par les talents d’ingénieur et d’artisan de Laborde, De Lastelle devint son mentor et introducteur. C’est lui qui présenta Laborde à la Reine à Antananarivo, un geste qui allait changer le cours de la modernisation malgache. Grâce à l’appui de De Lastelle, Laborde reçut pour mission de fabriquer localement armements et produits essentiels (fusils, canons, poudre, savon), un projet qu’il réalisa dans les usines et fonderies établies d’abord à Ifaty, puis à Mantasoa.

Sa vie personnelle fut également marquée par son ancrage profond dans la société malgache. En 1830, il épousa une princesse Betsimisaraka, une union dont naquit Elisa de Lastelle (1832-1920), qui hérita du titre de Princesse à Mahela. Il eut également une relation plus tardive en 1850 avec Juliette Fiche. Napoléon de Lastelle s’éteignit à Tamatave le 17 juin 1856 à l’âge de 54 ans, laissant derrière lui un héritage de développement économique et d’alliances stratégiques qui ont façonné la Grande Île avant l’ère coloniale.